Quel est le rapport entre le blogging journalistique  et cette histoire de coopérative de presse ? C’est simple : ces dernières années, de nombreux blogs ont eu pour ambition de « revenir aux fondamentaux » et réinvestir des terrains délaissés par les médias traditionnels, et principalement le terrain, avec un grand ‘T’ : un terrain dont ils font émerger une information brute, hyperlocale, proche des ‘récits ethnographiques’. Le blog d’Une année en France a fait le pari de repartir à la conquête de terrains locaux, et oubliés… et d’en faire émerger une information riche, irremplaçable (ici et ici). Alors, pourquoi ne pas tenter le pari, ici, à Bruxelles ?

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Dans Counterpunch, Brian McKenna insiste lui aussi sur la nécessité de faire descendre l’anthropologie dans le monde du journalisme. Les anthropologues font de bons journalistes et vice versa.

One thing is certain. We need a new wave of writers and journalists, unafraid to do the most radical thing imaginable: simply describe reality. Their ranks will largely come from freethinkers, dissenting academics and bored mainstream journalists who rediscover what got them interested in anthropology in the first place, telling the truth. Anthropologists have no choice. They must become media makers and journalists themselves.

http://andreanaranjo.wordpress.com/

Merci pour vos réactions : le projet évolue.

Il s’agirait d’un projet mêlant les apports de la photographie, du journalisme et de l’anthropologie urbaine. La coopérative offrira presqu’exclusivement des images et des sons sur Bruxelles ; avec un accent placé sur le contraste entre les lieux de sociabilité et les espaces de circulation. Le pari, c’est de pouvoir ainsi faire émerger davantage de sens l’environnement urbain.

Ensuite au sein de ces espaces publics, l’accent sera mis sur les liens statutaires, ou si l’on préfère, sur les différences de statut social. Pas de misérabilisme, ni de diabolisation : simplement, un compte rendu sincère des rapports sociaux tels qu’on les voit, tels qu’on les ressent, dans cette ville de Bruxelles.

L’avantage de cette approche, c’est qu’elle offre de cette ville, si complexe, un visage immédiat, parfois plus sincère que celui qui pourrait être produit au moyen du langage (journalistique, académique etc.). Les textes doivent enfin donc être excessivement courts, et ne jouer qu’un rôle secondaire. Il s’agit de valoriser l’image (et le son) par texte (et non le texte par l’image et le son).

Des projets de ce types sont bien sûr développés par de très nombreuses personnes – à l’UCL (sous la direction de Mathieu Berger) – mais aussi hors des sentiers battus, sur une multitude de blogs et de sites. On peut notamment mentionner l’organisation Bruxelles nous appartient-Brussel behoort toe : une organisation dédiée à la mémoire sonore de Bruxelles et qui procède depuis 1999 à l’enregistrement de récits et de témoignages exploités à des fins créatives, éducatives etc.

Le projet en est à un stade tout à fait embryonnaire… Pour rendre les choses un peu plus précises

(1) budget et mode de financement : système fonctionnant sur abonnement et sans publicité. Le budget de départ est de 10.000 euros. Une demande a été introduite auprès du fonds pour le journalisme (http://www.fondspourlejournalisme.be/).

(2) lignes directrices : il s’agit d’un projet qui mêle les apports de la photographie, du journalisme et de l’anthropologie urbaine (cf. Robert Park). Le coopérative produira exclusivement de l’information bruxelloise.

(3) objectifs à court terme : nous avons de quoi payer les programmateurs pour la mise en place du site web ; et, de quoi payer un défraiement de 300 EUR par mois pour les premiers contributeurs. Toutes les compétences sont les bienvenues : photographes, ethnologues, anthropologues,  journalistes…

(4) objectif à moyen/long terme : l’objectif est de fonctionner de façon strictement indépendante : de mettre sur pied une structure sans hiérarchie des salaires, et dirigée par les travailleurs. Ils prendraient leurs décisions en assemblée générale, à la majorité des voix.

Je veux faire de ce projet une forme de journalisme ethnographique, bruxellois et très très très orienté terrain (dans la tradition de Robert E. Park), et avec une grande place laissée à la photo. Pas d’éditoriaux abstraits, pas de grandes théories, pas de mots en « istes », pas de reportages inutilement anxiogènes… Il me faut (1) des photographes, (2) des ethnologues, (3) et des journalistes, pour parler de la vie bruxelloise telle qu’ils la voient, telle qu’ils la sentent, simplement.

J’ai du respect pour les gens qui s’efforcent d’exercer ce métier incroyablement dur de journaliste. Je ne pose sur eux absolument aucun jugement (à vrai dire, le jugement le plus sévère, je le pose sur moi-même, sur mon travail de doctorant, d’observateur anxieux et inerte de la vie médiatique).

Ce journalisme « ethnographique » vise – non pas à procéder à d’infinis renvois de responsabilité vers des institutions trop abstraites, trop complexes – mais à parler modestement de ce que nous avons sous les yeux. Est-ce que ça vous parle ?

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Mais encore…

L’idée serait de commencer le travail avec de la photographie (quelqu’un s’y connaît un peu là dedans?) et par une toute petite observation de terrain, pourquoi pas à la place du Luxembourg.

Voilà, j’ai réuni un budget de 10.000 euros pour lancer une coopérative de presse en ligne. Il y a des journalistes (ou des non-journalistes) intéressés par le projet ? Ce sera un système fonctionnant sur abonnement et sans publicité. Il me faut des idées : je suis ouvert à tout.

A très court terme : il nous faut des programmateurs, pour mettre en place une plate-forme web. Et, il nous faut des journalistes, des ethnologues et aussi de simples citoyens pour fixer les lignes directrices du journal. Mon idée serait de centrer le discours sur la vie bruxelloise (dans le tradition de Robert Park).

A moyen/long terme : l’idée serait d’avoir une structure sans hiérarchie des salaires, et dirigée par les journalistes eux-mêmes. Ils prendraient leurs décisions en assemblée générale, à la majorité des voix.

Il y avait une deuxième remarque que j’aurais souhaité faire dans le débat d’hier soir, mais le nombre de questions était malheureusement très limité. Les médias (et les institutions en général) ne sont pas devenues impuissantes. Elles l’ont toujours été : le pouvoir (comme potentia) ne réside et n’a jamais résidé que dans des relations humaines. C’est en tout cas l’idée qui se trouve au coeur de la sociologue des réseaux. Il faut en tirer maintenant – et sans peur, sans anxiété – tous les enseignements. Il est devenu, je crois, inutile de procéder à des reports de responsabilité (sur telle ou telle « instance de pouvoir » éloignée). Moi, en tant que doctorant et jeune sociologue je me sens à vrai dire honteux de ne pas avoir tiré plus tôt, tous les enseignements de cette sociologie (bon, je ne peux pas revenir sur le passé) : les institutions sont des tigres de papier remplies de personnes de qualité, qui ont simplement des choses raconter. Et, les journalistes ont le désir et le pouvoir (potentia) de prendre aujourd’hui, ensemble, le contrôle de leurs moyens de diffusion (cf. SPIIL).

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Je reviens du Festival des Libertés, où j’ai assisté au débat « crise et émocratie« .

Il aurait, selon moi, dû être orienté vers des projets positifs (plutôt que de s’arrêter à des constats pessimistes et anxiogènes). On a évoqué le fait les médias de masse participent d’une logique destructrice… et que l’idéal serait pour eux – « on peut toujours rêver » –  de se dissocier des logiques de marché.

Et ben, oui, justement, moi j’ai envie de rêver… Il est utile et il est nécessaire de développer davantage de sites de journalisme communautaire  : des journaux comme XXI, 6 mois et Uzbek & Rica n’ont-ils pas été des fantasmes de doux rêveurs, avant de se transformer en véritables « médias de qualité » ?

Oui, de nombreux journalistes se montrent aujourd’hui capables d’accoucher de projet positifs, leur permettant de redevenir maîtres de leur outil  : des anciens journaliste du Monde ont par exemple donné naissance (à partir d’un rêve, encore une fois) à un média participatif qui, ces deux dernières années, a profondément éclairé le fonctionnement de la politique française (Mediapart).

Il faut parler maintenant de la façon dont le journalisme est en train de se transformer. Pour info, le SPIIL – syndicat de la presse indépendante d’information en ligne – a lancé le 19 octobre un « manifeste pour un nouvel écosystème de la presse numérique » : il propose un projet de loi sur la liberté de l’information, défend une égalité de traitement entre journalistes « web » et « papier », propose de faire émerger des start-ups de presse, de moderniser le statut social et fiscal des journalistes, de défendre une baisse de la TVA à zéro pc pour les ventes d’information papier et numérique…

Deux ou trois personnes pour gérer cinq mille commentaires par jour, c’est peu, très peu… Avec des effectifs aussi réduits, il est possible d’éviter les « dérapages », mais impossible d’animer une discussion (Degand & Simonson, 2011). Conséquence : ces dernières années, les fils de discussion de la presse belge ressemblaient davantage à des « réceptacles à doléance » qu’à des espaces de débat. Ils sont aujourd’hui remplacés (en pratiques) par les threads des médias sociaux (Facebook et Twitter), et seront prochainement abandonnés…

Les médias sociaux sont aujourd’hui incontournables dans les rédactions : non seulement (en amont) au niveau de la sélection des sources, mais aussi (en aval) au niveau de la diffusion, du partage, de l’interprétation et de la mise en débat des contenus journalistiques (Singer et al., 2011). Quelles seront les conséquences de cette forte dépendance à l’égard des médias sociaux ? Je sais pas. Des idées ?

Une chose est sûre : les sites de presse continueront d’organiser des événements participatifs sur leurs pages web (les CoverItLive!, les 11.02 etc). C’est-à-dire qu’ils n’abandonnent pas leurs rôles d’ « animateurs de débat », de « rassembleurs » et de « médiateurs »… mais essayent simplement de l’exercer à moindre frais. Abandonner l’animation de débat, reviendrait à la fois à se priver de l’opportunité unique de produire des informations web originales, et de l’opportunité de renforcer la confiance des internautes.

Journalism History (Uni. Winchester) partie I. : introduction, relative aux facteurs démographiques, légaux et technologiques qui ont favorisé le développement du secteur de la presse, dans le courant du 19ème siècle.

Journalism History (Uni. Winchester) partie II. : développement d’une presse ‘commerciale’ et d’une « presse de classe » à l’échelle locale, et présentation détaillée des facteurs démocratiques (hausse de la population, concentration urbaine).

Journalism History (Uni. Winchester) partie III. : partie relative à la richesse et aux habitudes de consommation d’information des ménages, dans les villes britanniques

Journalism History (Uni. Winchester) partie IV. : partie relative aux facteurs politiques et légaux (libéralisme politique, liberté d’expression), développement d’une presse régionale …

Journalism History (Uni. Winchester) partie V. : taxes sur les journaux

Journalism History (Uni. Winchester) partie VI. : développement de machines à plus haut rendement (moitié du 19ème), prétention à l’objectivité et l’indépendance (The Times), début de la professionalisation du journalisme, journaux de consommation de masse (penny paper). 

Journalism History (Uni. Winchester) partie VII.