Il y a quelques semaines (le 20 novembre 2009), Bruno Latour s’exprimait au micro de France Culture. Il y parlait de la façon dont le web permet aujourd’hui, aux chercheurs en sciences sociales, de visualiser les espaces de débats et de tracer des controverses scientifiques (cf. MediaLab, NaviCrawler). Le web – estime Latour – nous offre aujourd’hui la possibilité de concrétiser le projet de Gabriel Tarde, c’est-à-dire de repérer les formes linguistiques qui expriment la confiance (ou la méfiance), de tracer les réseaux de confiance… Dans ces réseaux, on peut voir émerger les « atomes » et les « agrégats » : par exemple, dans le cas de la « controverse en ligne » sur le climat, on peut voir dans le détail que les climato-sceptiques – les personnes qui mettent en cause la fait que le réchauffement climatique soit dû à l’activité humaine – sont alliés à un tas d’autres querelles, comme « contre la règlementation des industries pétrochimiques » ou la « lutte contre l’avortement« .

Je vous laisse un petit aperçu d’un des meilleurs moments de l’interview : « [A]vant on avait un immense décalage entre le suivi de l’activité scientifique – des arguments – et le suivi des rumeurs, des opinions, des passades, des modes etc. Et maintenant, modes, passades, opinions ou arguments sont traçables par les mêmes outils. Et cela à une conséquence politique très importante (…). Cela donne à l’espace politique une visualisation à la fois des arguments, des rumeurs et des opinions, ce qui est assez important dans des sujets qui les mélangent. Par exemple, ça fait maintenant un mois que j’essaie de savoir si je dois me faire vacciner du H1N1. Et je n’arrive pas à me faire une opinion. Si le MediaLab faisait son boulot sérieusement, on aurait des outils qui permettraient de suivre à la fois les arguments des différents chercheurs et les opinions – les rumeurs -; et de distinguer les deux. Ce qui est assez compliqué dans ce cas là puisque ce sont précisément les médecins et les infirmières qui sont souvent à l’origine de rumeurs sur la vaccination ».

Et voici l’émission dans son intégralité.

Vous connaissez Géphi? C’est un outil de mapping, ou si vous préférez de visualisation de réseaux sociaux à partir de différents noms de domaines (URL). C’est peut-être pas le meilleur logiciel de tous, mais j’en suis plutôt content… ça me semble être un bon choix  pour les chercheurs qui étudient des réseaux de petite taille (moins de 500 individus). Voici la marche à suivre : (1) Installer Navicrawler (sur votre browser Firefox), http://www.webatlas.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=56&Itemid=74 ; (2) Installer Géphi : http://gephi.org/community/download/#windows ; (3) Importer les URL des sites dans Navicrawler (onglet « file ») ; (4) Exporter les sites liés en .gdf ; (5) Lancer Géphi ; (6) Importer le fichier .gdf dans Géphi ; (7) cliquer sur l’algorithme « Force Atlas », dans l’onglet « Spacialize ».


Bonne chance !